La médiation pour les territoires et l'environnement
Claire, comment est-tu devenue médiatrice ?
Ingénieure agronome et docteure en sciences de l’environnement, j’ai été consultante dans un petit bureau d’études sur des enjeux environnementaux, avec une entrée socio-économique, puis chargée d’études dans une institution publique en charge de l’eau.
Pendant ces périodes, mes différentes missions m’ont permis d’expérimenter et d’observer de multiples situations et projets. Et j’ai constaté que des projets n’avançaient pas du fait de problèmes relationnels, en interne ou en externe, et non parce qu’ils manquaient de ressources financières ou de solutions techniques : deux personnes qui ne se parlaient pas / plus ou mal, par exemple, ou une personne qui tentait de contrarier l’autre en retardant / bloquant ce sur quoi elle pouvait agir, etc.
Je suis allée chercher des solutions du coté de formations en gestion de projet, communication, leadership, etc. et j’ai pu rassembler de premières briques sur la compréhension de relations de coopération. A la même période, j’ai découvert la médiation par une affiche en ville du type : « devenez médiateur bénévole au service de vos concitoyens ».
A ce moment là, même si mon travail au service de l’eau était orienté vers l’intérêt général, je faisais face aussi aux mécanismes internes et externes des institutions et jeux d’acteurs sur de gros projets. J’avais besoin de me sentir plus utile et plus efficace et de pouvoir constater des effets positifs à court terme. J’étais en recherche d’activité ayant du sens et, surtout, utile aux autres.
J’ai avancé le bout de mon nez dans l’entrebâillement de la porte et ai découvert une activité incroyable : aider des personnes comme toi et moi à trouver eux-mêmes leurs solutions à une situation qui, bien trop souvent, les rendait malades, et ces personnes repartaient soulagées voire heureuses. Et cette possibilité de bénévolat était adossée à un ensemble de pratiques et outils pour assurer une qualité d’intervention : une formation, un dispositif de comédiation et tutorat par une médiatrice ou un médiateur expérimenté, des analyses de la pratique et un vrai suivi. J’ai tout de suite sauté sur l’occasion, j’ai été recrutée après entretien et ai démarré l’aventure. Merci à l’association Amely de m’avoir permis de découvrir la médiation, sans doute plus vite et plus simplement que ce que j’aurais fait sinon (le temps de me décider et de me lancer dans une formation longue, par exemple).
De fil en aiguille, et afin de quitter l’environnement urbain pour un lieu plus apaisé, mon conjoint et moi avons pris la décision de quitter nos deux emplois salariés dans le public et créer une activité ailleurs. Je suis indépendante depuis 2019 et vis principalement de missions au long court via des marchés publics, et un peu de médiations administratives (quelques unes par an), ce qui m’a d’ailleurs permis, deux fois, de refuser ou d’arrêter une médiation, sans ressentir de gros tiraillements ou inquiétudes sur mon porte monnaie.
Quels sont tes différents champs d'intervention ?
Je travaille essentiellement sur des sujets concernant :
- l’environnement au sens large et des sujets concernant les ressources communes sur le territoire
- le travail, pour accompagner une problématique entre salariés, au niveau d’une équipe, etc.
Cela peut prendre la forme de :
- médiations conventionnelles (bilatérales ou collectives) à la demande d’un organisme : entreprise, association, collectivité publique
- médiations ordonnées pour un tribunal administratif, bilatérales ou collectives, par exemple entre des collectivités, entre une collectivité et un/des administré(s) sur des sujets de voisinage, d’urbanisme / foncier, etc.
- missions de dialogue territorial réalisées dans le cadre de marchés publics pour accompagner une démarche liée à la gestion de la ressource en eau, la résilience des rivières et la gestion des crues, etc. Il s’agit là de formes de médiations collectives environnementales.
J’interviens en (petite) partie seule, mais aussi et principalement en comédiation ou en équipe avec des personnes compétentes et avec lesquelles j’aime travailler :
- des médiateurs du réseau RME
- des animateurs de dialogue territorial, regroupés au sein de l’association Geyser
- des bureaux d’études techniques avec lesquels je suis en binôme sur les démarches environnementales.
Parfois, je vais loin pour avoir le plaisir de découvrir des territoires ou travailler avec des personnes que j’apprécie – mais je reste essentiellement sur les secteurs ouest et sud d’Auvergne Rhône-Alpes (Haute-Loire, Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Allier, Ardèche, Drôme) et nord d’Occitanie (Lozère ou, plus loin, Aveyron, Lot, Dordogne).
Comment définis-tu ton rôle en tant que médiatrice ?
J’accompagne des personnes et des structures à trouver des chemins qui leur conviennent pour résoudre un problème et apaiser (ou éviter) une relation. Cette intervention est énormément porteuse de sens pour moi, d’abord parce qu’en sortant de médiation, les personnes sont en général soulagées, plus sereines, voire pleines d’espoir pour une nouvelle période qui s’ouvre. Plus encore, ce qui me porte, ce sont les mouvements générés par l’expérience de médiation, qui amène les personnes à :
- comprendre différemment les situations et y poser un autre regard, sans doute aussi plus ouvert sur la compréhension de l’autre
- sortir d’une vision opposant coupable et victime, pour s’orienter vers une logique de co-responsabilité à améliorer la situation
- se regarder autrement elles-mêmes et les autres : ce qui leur importe, leurs besoins, leurs ressources et capacités, aussi
- in fine, évoluer vers des compétences accrues à résoudre elles-mêmes des situations relationnelles.
Quelles sont, dans tes champs d'intervention, les causes les plus fréquentes d'appel à la médiation et quelles sont les fonctions ou les rôles de tes commanditaires ?
Lorsque je suis sollicitée pour une médiation :
- Dans le domaine du travail, ce sont des DRH d’entreprises, des médecins du travail ou des directrices ou directeurs d’associations qui ont fait appel à moi, ou à une médiatrice ou un médiateur qui m’a ensuite contacté. Les problématiques peuvent concerner des mésententes au sein d’un service ou d’une équipe de direction (incompréhensions qui s’empilent, communication vécue comme violente, mal-être d’une personne vis-à-vis d’une relation, etc.). Certaines médiations du travail m’ont été confiées par le TA, lorsqu’il s’agit d’un établissement public (hôpital par exemple) ou d’une collectivité (commune, communauté de communes, syndicat mixte, etc.). La demande initiale est de favoriser un apaisement de la situation ; l’issue peut être en effet de repartir sur des bases relationnelles plus claires et sereines, mais aussi de réfléchir à un ajustement de l’organisation, voire permettre un départ dans de bonnes conditions pour tout le monde.
- Dans le domaine de l’aménagement du territoire et de l’environnement, c’est principalement un TA qui me propose des dossiers concernant, globalement, des questions liées à l’usage de l’espace public par des administrés dans une commune, un différend concernant la propriété et/ou l’exploitation de parcelles communales (forêt par exemple), une question de pollution, des règles administratives (exploitation d’une parcelle convoitée par deux agriculteurs, installation d’une structure demandeuse d’un permis de construire, changement de nature d’une parcelle, etc).
Dans toutes les médiations, évidemment, les principes déontologiques fondateurs sont indispensables : indépendance, impartialité, neutralité, confidentialité. Les expériences me montrent en particulier que :
- le seul fait de venir en tant que tiers externe permet de bouger les perceptions et favoriser une ouverture (c’est notre 1er atout par rapport à un DRH même bienveillant, volontaire et compétent )
- l’impartialité du médiateur, telle que perçue par les médiés, est absolument cruciale… et constitue en même temps une véritable nouveauté pour une bonne partie des médiés : qui a l’habitude d’être accompagné par une personne qui n’est pas à 100% avec et pour vous, mais aussi en même temps à 100% pour l’autre ? c’est d’ailleurs sans doute plus clair de parler de multi-partialité : je suis pour l’un ou l'une et pour l’autre, les deux ont leurs raisons pour en être là, se sentir comme ça, et vouloir ça. D’ailleurs, la neutralité aide sans doute à l’impartialité : ne pas avoir de projet pour les médiés, ne pas connaître la « bonne » solution, et ne pas apprécier ce qui est bon ou mauvais, juste ou non, etc. ouvre encore davantage la compréhension de la complexité des choses.
Le plus passionnant me semble que, médiation après médiation, je n’ai pas le sentiment que des choses se répètent ou se ressemblent : chaque médiation est unique, comme chaque personne l’est. C’est une aventure renouvelée à chaque expérience, pour les médiés comme pour moi. Et cela me touche vraiment que des personnes me fassent confiance pour les accompagner sur ce cheminement et en cette période de leur vie qui n’est pas des plus simples.
Le plus difficile me semble le délicat équilibre entre « prendre soin » de chaque personne, respecter ses besoins, son rythme, ce qu'elle peut entendre et vivre, d'un côté ; et, de l’autre, susciter du mouvement pour l’aider au « pas de côté » qui l’amènera à voir les choses autrement et envisager des voies de résolution.
Pour cela, les entretiens individuels préalables sont une étape clef pour moi, car ils permettent un échange approfondi avec chaque personne, l’encourager à (se) dire comment elle vit la situation, comment c’en est arrivé là, tout ce qui se passe pour elle, comment elle comprend ce qui se passe pour l’autre, ce qu’elle attend de la médiation, ce qu’elle est prête à réfléchir, etc. La personne peut à la fois « vider son sac », disposer d’un moment privilégié pour réfléchir posément et sans jugement de la part de son interlocuteur.
Ensuite, une ou plusieurs rencontres peuvent avoir lieu afin que chaque personne puisse exprimer ses préoccupations et entendre celles de l’autre. Les échanges sont plus ou moins longs selon l’historique (le conflit est-il enkysté ?), le contexte et le sujet (avons-nous besoin aussi de travailler sur la base d’une carte, d’un plan ?), les besoins éventuels d’expertise technique entre deux réunions, etc.
Dans le cas de procédures administratives, les médiés ont déjà engagé des avocats et il est important pour moi de travailler main dans la main avec les Conseils. La très grande majorité de ceux et celles que j’ai croisés sont formés à la médiation et ont été d’une grande aide dans la résolution des situations, parce qu’ils adhèrent à l’intérêt d’une résolution amiable, travaillent en ce sens et se montrent compréhensifs vis-à-vis de l’autre partie. C’est tellement précieux !
Et puis je travaille en comédiation dans environ un dossier sur deux. C’est enrichissant en tant que médiatrice, c’est aussi et surtout plus qualitatif pour les médiés (deux personnalités, deux écoutes et deux pratiques complémentaires, potentiellement deux genres, c’est deux fois plus de chances qu’ils se sentent et soient bien écoutés) et indispensable je pense dans le cas de médiations collectives comme j’ai pu en vivre sur des sujets de travail et de voisinage.
Dans quelles proportions les médiations que tu engages se traduisent-elles par un accord ?
J’ai pu constater 75% d’accords sur les 25 médiations que j’ai réalisées et terminées depuis 2020 (je n’ai pas compté les accords sur les 15 précédentes).
A ce stade de ma petite expérience, je note que les médiations qui n’ont pas abouti à une issue – accord ou apaisement – sont celles qui ont eu lieu trop tard au regard d’enjeux administratifs (par exemple, à moins de 1 ou 2 mois d’un changement / acte juridique constituant une sorte d’ultimatum) ou avec un/des médiés qui n’étaient pas prêts pour s’inscrire dans une logique de résolution amiable, mais plutôt dans une logique combative avec l’idée que l’un aurait raison devant l’autre.
Pour autant, comme sans doute beaucoup de médiateurs, je vais te dire : « il n’y a pas que l’accord qui compte » Et en effet, je pense à 2 médiations qui n’ont pas abouti à un accord mais ont favorisé un apaisement de la situation : l’un des médiés a décidé d’arrêter et la médiation et les procédures judiciaires engagées ; ou bien les médiés ont convenu de se laisser le temps de constater les impacts du projet à venir, après avoir partagé les contraintes et craintes de chacun.
Par ailleurs, il faut aussi noter que certaines situations peuvent conduire le médiateur à refuser une médiation ou à l’arrêter. Une médiation que j’ai décidé d’arrêter à l’issue des entretiens préalables, du fait notamment d’un trop grand décalage entre les capacités d’une personne à venir en médiation et sa responsable (sur fond d’allégation de harcèlement).
Quels sont pour toi les souvenirs les plus marquants dans le cadre de ta pratique ?
Beaucoup de situations de médiations et de personnes m’ont marquées, mais je suppose qu’il faut choisir...
Il y a cette situation conflictuelle dans un hameau d’une petite commune rurale : un couple nouvellement arrivé, qui rénove sa maison avec soin et invite régulièrement les voisins à l’apéritif. Pour autant, quelques années plus tard, les 5 foyers du hameau et la mairie sont sous tension (avec déplacements des gendarmes également), sur des questions d’usage des chemins et des espaces publics. Le couple a fermé un accès usuellement utilisé mais relevant de sa propriété, utilisé un chemin auparavant délaissé par les autres habitants et longeant une terrasse installée en partie sur l’espace public par un autre voisin, etc.
La médiation révèle que se mêlent différents sujets liés à l’usage et à la propriété, en partie du fait que, comme dans beaucoup de petites communes, des ventes, échanges de terrains, etc. avaient eu lieu sans qu’existent aujourd’hui les documents officiels issus de ces transactions. Les quelques mois en comédiation ont permis d’apaiser des conflits bilatéraux et de travailler collectivement à une situation qui paraîtrait juste pour tous, habitants et mairie. Cela a conduit à choisir ensemble puis faire intervenir un géomètre afin de clarifier les limites des espaces publics et privés et engager des régularisations.
Le plus gratifiant je pense a été que plusieurs personnes ont exprimé à la fin leur soulagement et l’enseignement que les choses étaient plus complexes que pensé initialement (« c’est la faute du couple nouvellement arrivé »). D’ailleurs, dans cette médiation nous avions utilisé un photolangage à la 2e rencontre plénière pour favoriser l’expression de chacune et chacun sur comment elle ou il vivait cette médiation, et ça avait apporté beaucoup de choses positives en termes d’écoute mutuelle, de témoignages constructifs et d’expression des femmes (au-delà de leur époux).
Ou ces difficultés que connait un groupement de petits producteurs agricoles, liées à des tensions relationnelles entre 2 personnes, mais aussi des difficultés au niveau du fonctionnement collectif. En comédiation là encore, nous avons accompagné les 11 personnes à la fois pour favoriser un apaisement du conflit – il y avait une réelle dimension interpersonnelle - et des réflexions collectives sur leurs modes de fonctionnement et organisation. Ce qui était particulièrement marquant, c’était cette grande attention des uns envers les autres et, en contrecoup, le mal-être généré par les difficultés d’une ou plusieurs personnes.
Ou encore ces médiations où aller sur place a changé des choses : ces agriculteurs en concurrence pour l’exploitation d’une parcelle (et en procédure) qui se rendent compte qu’ils ne parlent pas de la même chose. Cette commune et cet habitant qui se rendent compte que ni le cadastre ni le plan des réseaux d’eau ne sont à jour.
Peux-tu nous en dire plus sur les dispositifs de concertation que tu mets en œuvre ? Est-ce qu'on peut là aussi parler de médiation ?
J’anime de démarches de dialogue territorial concernant des problématiques environnementales et territoriales. Cela peut être considéré comme de la médiation collective de projet en environnement : cf. d’ailleurs à ce titre l’ouvrage récent publié par Nicolas Le Méhauté.
Il s’agit d’une méthode développée par Pierre-Yves Guiheneuf et Philippe Barret, largement issue de la médiation. Ainsi, comme mes pairs membres de Geyser par exemple, j’identifie avec mon commanditaire l’ensemble des acteurs concernés (potentiellement impactés ou bénéficiaires du projet, ou bien ayant prise dessus), puis les rencontre en entretiens individuels, avant d’animer une série de rencontres avec un même groupe de dialogue d’environ 25 personnes.
L’intervention en dialogue territorial vise à contribuer à la fois à la résolution d’une situation (problème ou non) et à l’amélioration des relations entre les acteurs. Il peut y avoir conflit prééxistant ou conflit potentiel si rien n’est fait ou bien « juste » l’objectif de co-construire quelque chose d’intelligent (tenant compte d’un maximum d'enjeux) et pérenne (ayant de meilleures chances d’être mis en œuvre et de favoriser une coopération ultérieure).
Il s’agit par exemple de tirer les enseignements d’un contrat de rivière pour élaborer la suite, formuler des propositions pour alimenter un plan de gestion de la ressource en eau ou un cahier des charges encadrant la gestion d’un ouvrage hydroélectrique, co-construire les grandes orientations de restauration d’une rivière, travailler à l’organisation interne d’une coopérative et à ses contributions sur le territoire, etc.
Cette méthode apporte beaucoup, il me semble, en compréhension mutuelle entre les acteurs : élus locaux, représentants d’activités écoomiques, organismes de protection de l’environnement, riverains, etc. Elle permet également de favoriser une progression de chacun.e et de tous, ensemble. Ainsi, entre le début de la mission et la fin, les sujets – même très complexes - sont davantage compris, davantage saisis par les acteurs concernés et des propositions sont élaborées collectivement, tenant compte autant que faire se peut des différents enjeux. Ce ne serait pas forcément le cas si, par exemple, je multipliais les ateliers de travail avec de nouvelles personnes à chaque fois. Ce sont d’autres objectifs, tout aussi intéressants, répondant à d’autres enjeux (par exemple, celui de faire connaître et consulter largement la population).
Je travaille régulièrement avec d’autres professionnels (au sein de DialTer notamment) afin de co-animer des rencontres plus délicates ou avec davantage de personnes ou pour conduire en parallèle plusieurs sous-processus (dialogue global + dialogue sur plusieurs sites locaux, par exemple).
L’animation des rencontres est souvent simple, avec des méthodes et outils choisis avant tout pour favoriser l’écoute mutuelle, l’appropriation des enjeux, la co-construction de solutions. Au-delà de notre posture de médiateurs et de prises de notes devant tous, nous suscitons du travail en sous-groupes et sur carte, ou avec des fiches ou un « jeu » de cartes élaborés pour l’occasion. Nous encourageons aussi les occasions d’échanges informels sur du concret, par exemple au bord de la rivière, sur une exploitation agricole ou dans une usine, etc. pendant lesquelles tous.tes peuvent témoigner et questionner.
Les principales gageures dans ce cadre sont plutôt :
- le cadre des marchés publics, qui n’autorise pas autant de flexibilité que dans un cadre de gré à gré (si un besoin se fait sentir d’ajouter une rencontre, sous un autre format, ou de susciter un effet boule de neige auprès d’un public plus large, comment faire ?)
- le nombre et la diversité des enjeux, qui sont à la fois passionnants et complexes
- notamment, la démarche peut parfois bousculer certaines positions d’autorité ou de pouvoir, des habitudes bien ancrées en termes de gestion de projet. Il s’agit de susciter l’implication de tous les acteurs concernés dans une démarche transparente, y compris en termes de modalités décisionnelle. Qu’allons-nous construire ensemble, dans quel objectif, qui va décider, comment ?
En lien avec la médiation, quels autres types d'interventions réalises-tu au service des transitions écologiques et solidaires ?
Au-delà des médiations et du dialogue territorial, j’ai à cœur de m’investir auprès de jeunes, d’une part, et de personnes volontaires mais en difficulté temporaire.
Ainsi, j’interviens bénévolement tous les ans dans quelques classes de collèges et lycées avec l’association 100 000 entrepreneurs. Via un atelier de 2h environ, nous échangeons et expérimentons autour des sujets de l’entreprenariat, d’une part, du métier de médiatrice, d’autre part.
Par ailleurs, je forme à la médiation par les pairs dans des écoles et collèges, comme par exemple dernièrement à l’école publique d’Yssingeaux, grâce à l’incryable dynamisme de la directrice et à la confiance de la commune : 8 classes ont été sensibilisées à la gestion des disputes, 14 élèves formés sont devenus médiateurs, les équipes enseignantes et périscolaires ont été formées. Et aujourd’hui, l’école fait vivre le dispsitif en autonomie, avec des adultes référents convaincus et compétents.
Enfin, je suis bénévole pour l’association Solidarité Paysans, afin d’accompagner des agriculteurs qui le demandent à dépasser une difficulté : économique, relationnelle, etc. Nous sommes en binôme et lorsque je suis impliquée, c’est qu’il y a aussi une problématique relationnelle, au sein du couple ou en intergénérationnel. Ces interventions sont de véritables coups de pouce utiles et profondément humains pour des personnes qui ont envie de s’en sortir et ont été dépassées à un moment donné par de l’administratif, un accident de la vie, ou autre.
Toutes ces expériences sont très enrichissantes, ce sont des occasions de belles rencontres et d’être utile, de changer quelque chose, bouger des lignes. Et puis le lien aux jeunes est rafraichissant et dynamisant !
Quel est pour toi l’apport possible d’un Syndicat professionnel de médiateurs tel que le SYME ?
J’ai sans aucun doute une vision partielle des enjeux et des possibilités. Ce que je perçois, c’est que la profession a besoin à la fois :
- de manière globale, de se tenir informée, réfléchir, évoluer et se structurer par rapport au contexte, aux besoins, etc. (dont pouvoir assurer un socle minimal de qualité professionnelle)
- de disposer de représentants pour échanger avec des représentants des avocats, des notaires, des juges, etc.
- pour chaque médiateur, d’accéder à des informations (sur le contexte par exemple, mais aussi sur des rencontres professionnelles, etc.), des formations et échanges de pratiques.
Le SYME me semble répondre à ces différents enjeux, grâce à une implication de personnes compétentes et dynamiques. J’en profite pour saluer et remercier ces bénévoles au service des autres médiateurs et de la profession, car ce n’est pas rien de passer plusieurs heures par mois à animer des échanges de pratiques, faire vivre des groupes de travail pour améliorer ou imaginer des projets, animer des réseaux, etc.
Je retrouve aussi cette belle dynamique au sein du RME, le Réseau des médiateurs en entreprise (d’ailleurs, certains médiateurs sont dans les deux), avec des médiateurs et médiatrices qui s’investissent au service de la promotion et de la dynamique de la profession.
Propos recueillis par Nathalie Mauvieux
Médiateur social, un métier désormais reconnu et encadré
Au moment de s'engager dans le travail de reconnaissance du métier de médiateur conventionnel et...
Médiateur social, un métier créateur de valeur et une profession d'avenir
Passée, en moins de quarante ans, du statut d’occupation pour personnes en mal d’insertion à...
Médiation et santé : un nouveau droit de l'homme
En fonction de la complexité du système de santé, le rôle du médiateur sanitaire consiste à...
Semaine de la médiation : mon retour d'expérience
Médiateur française à cheval entre la France et la Belgique, j’ai adhéré à l’UBMP , Union Belge...
Linguistique et impartialité du médiateur
Parler, c'est non seulement exposer des idées, mais c'est aussi s'exposer à une évaluation...
La Semaine de la médiation en France du 14 au 20 octobre 2019
La Semaine de la médiation est présente depuis près de 20 ans aux USA et au Canada, et...