Médiation, société et citoyenneté - le COREM prend la parole
Tribune libre
Le COllectif de REcherche sur les pratiques de Médiation (COREM) a choisi de réfléchir sur le thème « Médiation, société et citoyenneté » lors des trois journées de rassemblement des 29, 30 septembre et 1er octobre 2023 à Châtelaillon-Plage en Charente-Maritime.
Ce thème s’est imposé en raison d’une inquiétude partagée par ses membres devant l’évolution de la société. Celle-ci leur a semblé caractérisée par des clivages, la disparition des tiers, l’individualisme, l’empêchement du débat, l’immédiateté, la peur de perdre l’acquis, la valeur portée aux performances et au chiffrage, la numérisation, la marchandisation et la domination de la finance, la chosification des individus, la perte et l’inversion des valeurs, le manque de sens, la difficulté à se projeter... Autant de problématiques qui vont à l’encontre des valeurs éthiques ou des apports qui soutiennent la pratique de médiation. Notons également que ces évolutions sociétales se sont accélérées depuis la crise sanitaire de la Covid qui en fut parfois un révélateur.
Dans ce contexte sociétal perturbé, le COREM propose une hypothèse : les lieux de médiation, par le débat, la reconnaissance de la cause des conflits, dans le dialogue et le respect mutuel instauré, sont de nature à participer à une refondation éthique de la société.
Les membres du COREM ont donc décidé de s’interroger sur la place de la médiation dans la société en crise. Ils se sont demandé ce que la société pouvait attendre et espérer de la médiation dans ce moment de basculement. Ils ont également invité des médiateurs et un philosophe, Philippe Boulier, à réfléchir avec eux.
La première réponse du COREM a été d’affirmer, comme depuis sa création en 2005, que la médiation doit éviter d’être instrumentalisée (dans un objectif de faire perdurer les dysfonctionnements de la société, en faisant « taire les conflits et les différences de points de vue », en « l’absence de controverses »).
De façon plus explicite et méthodologique, il s’agit de refuser de penser les lieux de médiation comme devant produire, de façon systématique, des solutions ; les espaces de médiation étant, pour les membres du COREM, des temps de rencontre pour travailler en commun sur les causes du conflit, du mal-être et du mal-vivre. Il s’agit encore, dans ces lieux, de rendre la parole, de travailler sur l’écoute mutuelle, d’y déployer sa pensée, d’y ouvrir des débats, d’y réfléchir dans des conditions éthiques spécifiques et d’élaborer ensemble. Ce travail place la médiation dans le champ d’une réflexion et d’une pratique éthique dans une dimension d’ordre philosophique : éthique de liberté et de responsabilité.
En conclusion, ces lieux de médiation, protégés de l’extérieur, des instances de pouvoir et de pression, apparaissent aux membres du COREM comme nécessaires à l’émancipation du citoyen dans la société contemporaine.
Le texte complet proposé par le COREM sur le thème « Médiation, société et citoyenneté » lors des journées des 29, 30 septembre et 1er octobre 2023 est disponible en pj, avec un document qui regroupe deux publications de référence du COREM
Photo César Badilla Miranda sur Unsplash
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